Quelle tendresse détresse affleure au bord du bord du bout de la vie, du bout de l’histoire ! La perte de l’autonomie, du lien social mais en toute conscience ou haché par pans de mémoire déchirés. Sept septuagénaires, riches de sept vies bien remplies au fil des longues années passées. Ils n’ont pas franchement l’intention de vivre comme bon nous semble et de s’engourdir à l’EHPAD d’en face.  Les voilà malicieux et facétieux, échappés de leur maison de retraite, ils redécouvrent la vie, la ville, l’autre, sortent de leur retraite. Et ça rayonne, en anecdote sensible, en souvenir intime. Ça n’a surtout pas le parfum de l’hiver. Ils s’éveillent de nouveau et nous livrent leur fragile devenir, nous prenant à partie, nous racontant leurs doutes, leur vie, leur envies…

Mettre ce drame contemporain en jeu avec tellement de respect, de justesse. C’est joué juste. La musique comme une ballade romantique accompagne cette échappée et participe à lui donner ce côté fragile en étant en opposition avec tout ce quelle renvoie de la violence, que notre société du vieux continent, peut faire subir à ses aînés. Le sourire des comédiens vient accentuer ce décalage et leur farandole est d’une incroyable douleur vaporeuse. Qu’est ce que notre monde a fabriqué à nos aïeux ? Quel est le chemin ?
Et pourtant c’est frais, léger à se promener ainsi avec eux dans la ville, à suivre leurs pas chaloupés, leurs regards ébahis, séducteurs ou fragiles. C’est questionnant, sensible de résonance au chemin que nous traçons, chacun, à nos aînés.




Échappées belles
Diptyque composé :
d’une déambulation : Issue de secours
et d’une forme fixe : Point de fuite
Toujours vivants
Création 2012
Adhok
auteurs-concepteurs : Doriane Moretus et Patrick Dordoigne
Avec Christiane Collard, Françoise Loreau, Irène Palko, Claudette Walker, Dominique Gras, Wolfgang Kleinertz, Guy Delamarche

Le site de la Compagnie Adhok

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