Nous sommes là, à un carrefour entre deux immeubles, à attendre ensemble par petits groupes ou seul, quand depuis le fin fond de la rue, une femme tout de rouge vêtue surgit vers nous en une course effrénée. Elle arrive essoufflée, nous regarde, nous parcourt, nous découvre, bouge, se déplace. C’est le début d’une déambulation dans la ville où elle nous entraîne. Son corps est malléable, il s’adapte ou se confronte à l’environnement urbain qu’il rencontre.

Elle nous dit la ville, ses peurs et ses abîmes.

En voix off, ses pensées nous parviennent. Elle est le filtre des angles acérés de cette société occidentale. Dans cette pérégrination, nous sommes à la fois transparents et omniprésents. Son regard nous traverse ou se perd dans nos yeux. Un lien se tisse entre cette femme à la dérive et nous. Son corps est le réceptacle sensible, poreux de tout ce qui l’entoure, de ce monstre urbain qui vient la posséder. Fragile membrane où son être se perd, se cherche, avance et repart pour disparaître dans une rue, nous laissant chargés d’émotions, dans le silence. Nous échangeons des regards complices, ceux de personnes ayant vécu ensembles un moment exceptionnel par la force de cette femme venue remuer le sensible en nous. Nous repartons marcheurs traversant les rues de la ville.

Déambulation dansée à poste où le travail du corps, du texte, de la matière sonore créent une atmosphère ultrasensible. Le spectateur est le témoin de ce corps traversant la ville et de la force de la ville traversant ce corps.




Je suis un pur produit de ce siècle
Parcours sensible à travers la ville
Création 2015
Cie Nue
Avec Lise Casazza

Le site de la Cie Nue

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