Un village d’entresort, un spectacle en caravane. Voilà déjà un ton, une attention, une promiscuité fragile à jouer à fleur de spectateur… Nous embarquons passionnément pour ce genre d’aventure. Et là il s’agit vraiment d’embarquement, le temps de quitter terre et nous voilà en mer serrés les uns aux autres sur un petit rafiot, au coin du lit d’Ernest vieux marin au bout du voyage qui tangue entre présent et rivages lointains. Entre réalité et souvenir, cela nous conte la vie, l’amour, l’histoire d’un homme et le souvenir de sa femme, la complicité de la fille acceptant le délire du père, ce vieil homme hanté par le souvenir de son amour perdu, de son Irène. Nous sommes au chevet du marin, nous naviguons à vue et à mirage entre présent et passé magnifié. Nous assistons à la veillée, dans l’intimité du moment partagé, à portée de souffle, nous sentons la chaleur du groupe. Et il y a de l’impudeur, de la douleur tout autant que de la douceur à se frotter de si près, à être sur la barque, le temps du passage offert. Temps suspendu à huis clos et huit spectateurs. Un beau voyage dans l’intime, tangage et poésie, nous sortons riches de ce moment partagé avec cette étrange sensation d’avoir fait le voyage au bord de la barque de Charon…

La force de l’entresort : donner un jeu à toucher les spectateurs tant physiquement qu’émotionnellement. Sur une forme courte de 20 minutes et pourtant le voyage nous emmène loin, très loin… Anaïs Blanchard et Manuel Marcos signent là une pièce de belle facture, se jouant du temps, des rôles et où les changements de plateau se font, se vivent à vue.




La veillée
Remonter le courant
Collectif Alteréaliste
Création 2012
Avec Anaïs Blanchard et Manuel Marcos
Musique Les Jours Heureux de Anne-Chloé Jusseau

Le site du Collectif Alteréaliste

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